La notion de désert médical renvoie à une double dimension :
- une dimension spatiale liée à la densité de professionnels de santé sur un territoire : un désert médical est caractérisé par un éloignement géographique entre les patients et leur médecin, ce qui implique pour eux de parcourir une longue distance pour consulter ;
- une dimension temporelle liée au nombre de patients par médecin : plus un médecin a de patients, moins il a de temps à accorder à chacun d'eux.
Le développement des déserts médicaux sur le territoire national a donc pour conséquences :
- l’accroissement des "files d’attente" avant de pouvoir consulter un professionnel, au risque d’une dégradation de l'état médical des patients ;
- le déport de consultations vers les urgences médicales. D'une part, les patients ne trouvant pas de professionnels en consultation "classique" recourent par défaut aux urgences pour accéder à un médecin. D'autre part, l’absence de consultations régulières aggrave les situations de santé ;
- des difficultés majeures pour les patients à s’inscrire auprès d’un nouveau médecin traitant, en particulier lorsqu’un praticien part en retraite. S'il n'est pas immédiatement remplacé, ou si les médecins restants refusent de prendre en charge de nouveaux patients, ces derniers subissent une rupture dans leur parcours de soins coordonnés, normalement garanti par le service public. Ce parcours garantie le remboursement d'une partie des frais de santé et permet d'avoir accès à un bon suivi médical en cas de besoin, notamment pour les personnes atteintes de maladies chroniques.
Les pouvoirs publics se préoccupent des déserts médicaux puisqu'il s'agit de remédier à la rupture du service public de santé.
Pour suivre l'évolution des déserts médicaux, les pouvoirs publics emploient la méthode du zonage, qui consiste à évaluer la répartition de l’offre médicale sur un territoire. Cette méthode est prévue par l’article L1434-4 du code de la santé publique et repose sur plusieurs critères :
- l’accessibilité à un professionnel de santé ;
- les caractéristiques de la population considérée (âge, taux d’affections de longue durée, nombre de bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, etc.) ;
- le nombre des professionnels de santé, leur âge, leur activité, etc.
En 2017, une importante refonte de la méthodologie de zonage a été engagée pour permettre aux agences régionales de santé (ARS) d’identifier les territoires caractérisés par une offre de soins insuffisante ou des difficultés dans l’accès aux soins.
- établir une définition harmonisée et prospective de la fragilité, partagée par tous les acteurs de la santé ;
- concentrer les aides au maintien et à l’installation des médecins sur les territoires les plus en difficulté en termes de démographie médicale, afin réduire les inégalités d’accès aux soins ;
- favoriser un investissement plus important dans un plus grand nombre de territoires.
Le zonage s’appuie sur l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) à un médecin. Cet indicateur recouvre trois dimensions :
- l’activité de chaque praticien, mesurée par le nombre de ses consultations ou de ses visites ;
- le temps d’accès au praticien ;
- le recours aux soins des habitants, par classe d’âge, pour tenir compte de leurs besoins différenciés.
L’APL s’exprime en nombre de consultations accessibles par an et par habitant. Il tient compte des médecins généralistes présents sur le territoire. L'âge des praticiens est également pris en compte, afin d’anticiper les futurs départs en retraite.
Chaque région est constituée de territoires de vie-santé qui constituent le découpage territorial de référence du zonage. Ces territoires regroupent plusieurs communes. L’indicateur APL est calculé au niveau du territoire de vie-santé en faisant la moyenne (pondérée par la population de chaque commune) des indicateurs APL des communes de ce territoire.
Cette méthode a été construite avec le souci de laisser une autonomie d'action aux agences régionales de santé. Si l’APL est un indicateur socle, l’ARS peut aussi tenir compte d'autres critères justifiant un investissement supplémentaire de la part des pouvoirs publics. Une attention particulière est ainsi apportée aux quartiers prioritaires.
Cet indicateur permet de déclencher des aides pour faciliter l’installation des médecins dans les zones où un besoin a été identifié.
Sur la base de la méthode de zonage, l’APL a été calculé pour les autres professions de santé de premier recours : infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres, psychiatres et sages-femmes.